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vendredi 8 mars 2013

Interview : The Dead Mantra

Il y a un mois tout pile nous étions à la Maroquinerie pour la Gonzaï Party et nous avons vu le set des Dead Mantra. Les quatre garçons originaires du Mans ont signé chez Cranes Records, prometteur label de la même ville, pour y sortir en 2012 un premier EP Path of Confusion et un split avec le groupe Dead Horse OneLeur musique aux accents nineties, forteresse de guitares renfermant des mélodies mystiques, a su nous conquérir. Nous avons donc voulu en savoir plus. Paul, chanteur/guitariste, a répondu à nos questions.


The Dead Mantra

     Présente moi un peu le groupe, comment tout ça est arrivé, qui fait quoi…
On est trois à s'être rencontrés au Mans à l'époque du collège, avant de devenir amis au lycée. On a monté le groupe ensemble, Pierre, Henri, moi et Edouard, qui a quitté le groupe en 2011. A ce moment là ça paraissait être une meilleure idée que de ne rien faire, comme une réponse évidente à la lassitude que génère une ville comme la notre. On s'est tous très rapidement impliqués dans le groupe, et depuis l'arrivée de Louis en 2011 les choses se passent de manière très naturelle et instinctive entre nous.

     Tu peux expliquer ce nom "Dead Mantra" ? J’ai remarqué que l’un d’entre vous arborait un t-shirt des Dead Skeletons durant votre concert à la Maroquinerie, n’y aurait-il pas là un lien direct ?
Notre premier nom craignait vachement. Quand on est rentré en studio pour la première fois, on a beaucoup écouté cette chanson. On a trouvé que ce serait un bon nom, sans réfléchir plus que ça. Cela dit, le lien avec les Dead Skeletons a entraîné beaucoup de gens à faire des raccourcis un peu trop rapides entre nous et le mouvement néo-psychédélique, alors qu'on se reconnaît concrètement assez peu là dedans. "Dead Mantra" c'était plus parce qu'on aimait le texte du morceau et son message.

     Qu’est-ce que racontent vos paroles ?
Je n’aime pas trop m'étendre là dessus. Mais globalement d'émotions, de pureté, de guerres intérieures, de notre ville. Promis on mettra les paroles avec le prochain disque.

   Comment êtes-vous entrés en contact avec Cranes Records ? Comment s’est passée la collaboration avec le label, leur implication etc. ?
A la base ce sont des amis, ils nous suivent depuis longtemps. Ils étaient là quand on faisait des concerts pourris dans des bars sportifs, ils nous faisaient des bootlegs et tout. Personne n’entendra jamais ça ! Ils voulaient vraiment sortir nos disques parce qu'ils sont un peu addict au support vinyle. Ils sont aussi très impliqués dans l'aspect visuel du disque, c'est sérieux pour eux. On aime ce qu'ils font, ils sont toujours hyper à l'écoute de nos envies. C'est vraiment bien de les avoir à nos côtés.

EP Path of Confusion
    Je ne connais pas du tout le Mans, niveau musique comment ça se passe ? Il y a des salles, des bars dans lesquels vous aimez jouer ? Et il y a d’autres groupes du Mans avec qui vous êtes liés ?
Il n'y a pas beaucoup de groupes au Mans. C'est pour ça qu'on ne peut pas réellement parler de scène là-bas. Il y a peu d'endroits où jouer, et ce n'est pas une ville très rock. Les jeunes ne se bougent pas tellement pour aller voir des groupes jouer. Mais il y a quand même des gens qui montent des évènements de qualité comme Teriaki, Oulala, l'Excelsior, Merci Connasse, Alpa On The Rocks. On a à la fois un fort rapport d'attachement et de rejet avec cette ville. C'est un endroit important pour nous.

    Et plus largement y a-t-il des groupes français dont vous vous sentez proches sous divers aspects ?
Musicalement assez peu, mais il y a des groupes qu'on aime beaucoup un peu partout en France. La plupart sont sur la compilation sortie récemment par Cranes Records qui est gratos d'ailleurs, il faut le préciser ! On est aussi très proches de Seventeen At This Time qui sont signés sur Cranes Records. Sinon en France, on aime bien Birds In Row, Blind Digital Citizen, Kaaris et Renart.

    J’ai l’impression que le terme shoegaze est assez associé à votre nom mais il me semble aussi, surtout après avoir vu votre live, que vous avez intégré pas mal d’autres sons, nineties notamment, comme le grunge... Comment tu définirais votre musique ?
On n’écoute plus beaucoup de shoegaze. Ça reste un élément très important dans le son, mais on ne veut pas s'y limiter. Le côté grunge, c'est peut être parce qu'on assume notre amour pour Nirvana et Sonic Youth. Aussi parce qu'il y a une volonté de pouvoir basculer entre la saleté, la crasse et la pureté. C'est dur pour nous de nous définir parce qu'il n'y a jamais eu de volonté de sonner comme le reste de ce qu'on entend.



 
    Et est-ce que vous avez des influences cachées ? Je veux dire des trucs que vous adorez mais qui s’entendent moins dans les morceaux des Dead Mantra voire même pas du tout…
De plus en plus, on essaye de ne rien cacher. Pierre, notre batteur adore le disco et l'acid-house, et ça s'entend beaucoup dans nos nouveaux morceaux. Louis a amené des mélodies de guitares très asymétriques, des choses très liées au math-rock ou au post-rock. On suit attentivement tout ce qui se passe dans les musiques électroniques, et en ce moment je crois qu'on porte beaucoup plus d'intérêt à la techno et au rap américain qu'au shoegaze ou aux trucs auxquels les gens nous associent naturellement.

    Je comptais vous qualifier de "mystiques" dans ma présentation, pas seulement parce que je vous ai vus entrer sur scène avec ce qui m’a semblé être des chants religieux, mais aussi parce que je trouve que votre musique l’est…ça vous irait comme qualificatif ?
Ce que tu as entendu à la Maroquinerie, ce sont les moines de l'Abbaye de Solesmes chantant la Messe des Défunts et demandant à leur Dieu de les délivrer de la mort éternelle. Solesmes est un des très hauts lieux du chant grégorien en France. Le qualificatif de mystique nous plait, étrangement. La foi est quelque chose d'important pour moi en tout cas, sur tous les plans. A la rigueur la foi se suffit à elle même, il n'est pas réellement question de la lier à quelque chose de précis. L'aspect mystique tient au fait que jouer sur scène, ou créer de la musique de manière générale, c'est pour nous un moyen de s'élever vers quelque chose d'autre. Cela dit, on peut paraître très sérieux sur scène, distants parfois, mais notre attitude hors scène est bien moins monacale.

    Vous écoutez quoi en ce moment ?
Pierre écoute de l'acid-house, il songe à acheter des baggys. Henri écoute de la variété italienne et joue du piano pour enfant avec son chat mongolien. Louis écoute des trucs mystérieux parce que c'est un mec vachement mystérieux, mais de temps en temps il pleure en pensant au split de Mars Volta. Pour ma part j'écoute beaucoup de trucs de gangsters avec de l'auto-tune, de la techno et pas mal Coil aussi histoire de faire un peu semblant d'être un esthète.

    Il y a des concerts auxquels vous vous êtes rendus récemment qui vous ont marqués ? Et pourquoi ?
Nick Cave et les Bad Seeds au Trianon. Parce que c'est Nick Cave. C'est tout.

    Vous avez des projets à venir ou des évènements à signaler ?
On est actuellement en studio pour une durée indéterminée. On a également prévu une retraite spirituelle à l'abbaye de Solesmes et on devrait bientôt monter une équipe de foot en salle. Et puis on sera en concert à l'Inventaire au Mans le 22 mars, mais on risque d'être peu sur scène ces prochains mois.




Hanemone

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